Il est tout à fait évident que ce genre d’action ne va pas, à lui seul, permettre de « sauver » les espèces de Tropheus les plus en danger, car les risques viennent avant tout de l’insuffisance de protection des biotopes. Ce qui est vrai pour le lac Tanganyika l’est aussi pour bien d’autres biotopes.
Malgré les efforts faits par les pays riverains, notamment pour une réglementation renforcée via les parcs, il ne fait aucun doute que les choix des populations riveraines resteront, pour longtemps, différents, et que la préservation des espèces menacées prendra du temps, beaucoup de temps, pour constituer une certaine priorité.
La solution ne viendra pas non plus des acteurs économiques, pécheurs, exportateurs, importateurs, magasin de détails et autres animaleries. Pris en étaux entre une demande en baisse et en profonde mutation, et une offre également en baisse et moins diversifiée, ils chercheront, comme tout entreprise, à s’adapter, à sauver leur marge pour ne pas mourir. Certains acteurs d’ailleurs se demanderont si les opportunités économiques offertes par la sélection ne pourront pas être étendus : à quand le Tropheus entièrement jaune à points noirs ?
La pression des mouvements écologiques pour durcir les réglementations résoudra t elle le problème ? En fait, la vision écologique est sans doute un piège redoutable : en visant l’interdiction de détention de certains animaux (ou l’import-export dans la communauté), elle ouvre la voie à un affairisme pour piller certains biotopes mal protégés ou détourner les réglementations ; elle suscite les recherches pour aiguiller les amateurs vers des solutions alternatives et non naturelles : sélection, hybridation. Il faudra donc beaucoup de temps pour que cela protége efficacement les espèces, à supposer que les réglementations locales suivent….